La naissance des jardins sous Léopold
Dès ses premiers séjours à Lunéville en 1698, le duc Léopold souhaite embellir le modeste parterre existant à l’est du château. Il s’adresse à Yves des Hours, son « directeur des jardins, parcs et jets d’eau », pour dresser des plans plus ambitieux. La mode est aux perspectives, à la symétrie et aux eaux jaillissantes qui font l’esthétique du jardin régulier dit « à la française ». Un premier aménagement voit le jour entre 1700 et 1702. On y remarque surtout le petit potager que la duchesse Elisabeth-Charlotte a fait planter sous les fenêtres de son petit appartement.
Guidé par sa volonté d’agrandissement, Léopold engage en 1707 et 1708 d’importants travaux de terrassement. L’axe principal est ainsi créé sur les vestiges des anciennes fortifications de la ville. En 1712 commence la plantation des massifs boisés parcourus par un réseau géométrique d’allées qui dessine des cabinets de verdure, les « bosquets » à l’origine du nom du parc du château. Yves des Hours fait tracer à la même époque des parterres mêlant le gazon aux arabesques de buis et de fleurs. Les premières statues y prennent place à partir de 1718, toutes dédiées aux divinités et aux allégories issues de la mythologie grecque et romaine.
A la fin du règne du duc Léopold, le parc des Bosquets a déjà son dessin et son étendue actuels. Selon la volonté du souverain, les habitants de Lunéville peuvent profiter des agréments offerts par le lieu. Seule la parcelle longeant la ville au sud est réservée à la duchesse Elisabeth-Charlotte qui, passionnée de nature, veille elle-même sur ses fleurs rares et ses orangers.
Stanislas ou le temps des "folies"
A son arrivée à Lunéville en 1737, Stanislas s’enthousiasme pour le parc des Bosquets, qu’il envisage comme le lieu idéal pour exprimer son tempérament d’artiste. Il imagine rapidement des pavillons pour égayer la perspective créée par ses prédécesseurs. Selon les plans de ses architectes Jean-Nicolas Jennesson puis Emmanuel Héré, on érige des bâtiments dont l’exubérance justifie le nom de « folies ». Le « Kiosque », la première de ces constructions, s’inspire de la culture turque. C’est de la Chine que provient la silhouette de pagode du second pavillon, appelé le « Trèfle » en raison de son plan trilobé. Précédé par un monumental escalier d’eau, le « salon de la Cascade » affiche les couleurs éclatantes de ses façades à l’italienne. On retrouve des fresques semblables sur le somptueux pavillon de Chanteheux, qui vient clore l’horizon du parc des Bosquets.
Plus près du château, une série de maisonnettes d’inspiration rustique est édifiée le long du canal. Chacune de ces « Chartreuses » possède un charmant potager qui exprime l’esprit du retour à la nature et à la simplicité champêtre vanté par les philosophes. Mais c’est le spectaculaire « Rocher aux automates » qui incarne le mieux ce courant de pensée. Gigantesque théâtre mécanique aménagé au pied du château, il présente la vision idéale d’un village que peuplent 88 figures animées. L’étonnement des visiteurs est tel que les journaux du temps désignent cette dernière folie de Stanislas comme la « merveille de Lunéville ».
Au lendemain de la mort de Stanislas
À la mort de Stanislas, le 23 février 1766, les anciens duchés de Lorraine et de Bar perdent leur indépendance et reviennent à la France. Louis XV décide de transformer le château en caserne. L’ensemble du mobilier est alors vendu, tandis que débute la destruction des pavillons du parc. Certaines œuvres sont toutefois sauvées, à l’image des groupes en plomb des bassins, achetés en 1767 par l’électeur palatin Charles-Théodore pour ses nouveaux jardins de Schwetzingen, où il est toujours possible de les admirer.