Gabrielle Emilie Le Tonnelier de Breteuil (1706 -1749), future marquise du Châtelet, a manifesté très tôt des prédispositions pour les activités de l’esprit. Jeune fille aussi passionnée que curieuse, elle devait s’imposer comme la plus remarquable femme de science de son temps.
Emilie voit le jour à Paris en 1706, au sein d’une famille de grands serviteurs de l’Etat, à la fois fortunés et proches de l’élite intellectuelle. Son père détecte rapidement chez elle de grandes capacités. Il lui offre une éducation bien plus poussée que celle réservée alors aux jeunes filles. Emilie apprend le latin, l’anglais, l’italien mais aussi, et surtout, la métaphysique et les mathématiques, pour lesquelles elle voue déjà un intérêt vif.
Son mariage en 1725 avec le marquis Florent Claude du Châtelet ne freine en rien sa curiosité. Elle s’affirme au contraire lorsque la marquise du Châtelet noue une liaison avec Voltaire en 1733. Brillant et mondain, l’auteur a découvert en Angleterre les nouvelles théories scientifiques d’Isaac Newton et fait partager son engouement à sa maîtresse. Emilie travaille avec entrain, en particulier à ce qui sera le grand ouvrage de sa vie : la traduction en français et le commentaire des Principia de Newton, fondement de la pensée du savant écrit dans un latin difficile d’accès.
La marquise du Châtelet obtient quelques reconnaissances pour son investissement scientifique, sans jamais renoncer à sa coquetterie naturelle. La voyant se passionner pour la mode au moins autant que pour les principes physiques, Voltaire la gratifie du titre de « Madame Pompon Newton ». C’est ainsi qu’elle triomphe à la cour de Lorraine, où Stanislas l’accueille avec beaucoup d’égards lors de deux séjours à Lunéville en 1748 et 1749. Voltaire l’accompagne dans la ronde des divertissements qui honorent le couple. Emilie du Châtelet y trouve l’amour, en la personne du jeune Saint-Lambert à qui elle donne une fille en septembre 1749. Quelques jours plus tard, elle succombe aux complications de l’accouchement. Au château de Lunéville, la délicieuse « chambre verte » avec vue sur les jardins conserve aujourd’hui encore le cadre charmant qui fut celui des heures joyeuses ou plus sombres d’une femme d’exception.